Après avoir enfilé un pull, ne trouvant pas son manteau, la jeune femme était sortie à l'extérieur du château. Une brise glacée l'accueillit et la fit frissonner. Elle s'arrêta un peu après les portes et leva la tête vers l'horizon. Il pleuvait comme cela ne se pouvait pas. De toute manière, elle ne s'en souciait pas. Ni de la pluie, ni du froid qui s'entêtait à mordre sa peau. Elle ne se souciait de rien ce jour-là .. Elle avait besoin de réfléchir ..... S'isoler à un endroit où elle ne serait pas dérangée et réfléchir .. Réfléchir aux derniers évènements qui s'étaient produits depuis son arrivée .... C'est tout ce qu'elle voulait. Elle avait faillit emporter avec elle son mp3, mais ce n'aurait pas été une bonne idée. Bien que la musique l'aidait à se libérer de toutes les pensées qui obscurcissaient son esprit, .... Bref, elle marchait lentement, déjà perdue dans ses pensées, retombant encore une fois dans une lutte sans merci envers elle-même .... Elle se dirigeait vers le parc, sans vraiment le savoir. Sans un regard derrière elle, elle marchait. Sans se soucier de ce qui était autour d'elle. Elle était isolée, dans son monde. Libérée. Enfin .... C'est ce qu'elle aurait voulu croire. Car la moitié d'elle même qui la forçait à faire face à la réalité ne voulait pas la lâcher, ne voulait pas la laisser s'abandonner à ses rêves ..... Ses pensées dérivaient, à la recherche d'une île où s'accrocher et accoster, pour tenter d'y rester stable .... Mais il n'y avait que du vide. Que de l'eau. De l'eau, de l'eau et encore de l'eau ..... Rien d'autre. Aucune lumière pour éclaircir ses pensées, aucun truc auquel s'agripper ... Désespérant. Tout comme toute sa vie. Et dire que pendant tant d'années tout avait été comme ça. Bien sûr, elle en avait pris conscience avant aujourd'hui, mais jamais autant que cela. Elle ne s'était jamais sentie autant déchirée entre la vie et la mort, entre la réalité et l'imaginaire. Jamais. Jamais elle n'avait revu sa vie comme cela .... Elle se sentait soudainement loin de tout. Loin. Loin .... Elle s'arrêta net, au bord du lac. Le parc qui était comme un gouffre. Dans lequel elle se serait jeté, sans que personne l'y en empêche. Mourir. Ne plus jamais souffrir. Cela lui semblait être la solution la plus simple, la meilleure. Elle tourna la tête et se dirigea vers le grand chêne, à quelques mètres de là. Elle s'adossa au tronc et ferma les yeux. Elle poussa un soupir. Son désir de mort s'agrandissait de plus en plus ..... Elle se surprit même à fouiller dans ses poches, à la recherche d'une des lames qui lui avait permit d'ouvrir dans sa peau des marques, des marques vers une liberté inexistante. Mais ça, elle ne le réalisait pas. Et il n'y avait personne pour lui faire prendre conscience de ça. Alors elle continuait à ouvrir des plaies, pour chaque malheur qu'il lui arrivait. Ce jour-là, il n'y en avait pas précisément ..... Elle cherchait juste à mettre un terme à sa vie. À finalement boucler la boucle. Sa main heurta une lame. Elle la sortit de sa poche de pull. Elle était tachée de son sang. Séché. Ainsi que celui de la coupure qu'elle s'était faite en posant la main dessus. Elle passa un moment à la fixer. Le seul problème était qu'elle n'arrivait pas à l'enfoncer assez profond pour se blesser gravement puis s'abandonner à la mort. Il y avait une petite partie d'elle-même qui la retenait, au dernier instant .... Elle remonta la manche droite de son pull, tenant la lame de la main gauche, à proximité de son bras, son regard bleu posé sur toutes les marques déjà présentes. Elle avait envie de pleurer. Non pas de douleur. Simplement de désespoir. De crier ..... Tenant fermement la lame, elle l'enfonça encore une fois dans sa peau. Elle la retira brusquement et la lança par terre, tombant elle aussi à genoux dans la neige. Elle enfouit son visage dans ses mains .....